Nike Air Force 1

L’histoire de la Nike Air Force 1

S’attaquer à l’histoire de la Air Force 1, c’est s’attaquer à l’histoire de la paire de sneakers la plus déclinée de Nike. Créée en 1982 par Bruce Kilgore, elle a été commercialisée dans pas moins de 1 700 versions dont une bonne partie est l’oeuvre d’acheteurs rapidement tombés amoureux du modèle original. Mais avant de s’émanciper dans la rue, la AF1 est née sur les terrains de basket puis a grandi sur les playgrounds de Philadelphie.

Proposée chez tous les revendeurs spécialisés dans les plus populaires de ces déclinaisons, la Air Force 1 est une basket pour les passionnés de sneakers dont nous vous proposons de revivre l’évolution à travers ses grandes dates, ses chiffres clés et une poignée d’anecdotes.

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LA CONSÉCRATION DE NIKE DANS LE BASKETBALL

Au début des années 1980, la marque américaine ne jouit que d’un statut de challenger sur le marché du basketball ; un marché sur lequel elle n’a jusqu’ici réussi à s’imposer qu’avec sa Blazer. Ne se contentant pas de ce rôle et soucieuse de combler son retard sur ses concurrents, à commencer par son éternel rival adidas, elle confie à Bruce Kilgore la création d’une chaussure qui lui permettra de se démarquer à tous les niveaux, et plus particulièrement celui de la performance. Son nom, qui fait référence à l’avion présidentiel américain, évoque les sommets qu’elle doit permettre aux athlètes d’atteindre.

Bruce Kilgore misera dans cette optique sur l’alliance subtile d’un design sobre inspiré du modèle de randonnée Nike Approach et d’une semelle révolutionnaire grâce à laquelle il va remporter son pari.

Nike Air Force 1 - 1982

La AF1 est effectivement la première chaussure de basketball de Nike dotée de la technologie d’amorti Air, un système composé d’unités d’air qui, en plus de mieux absorber les chocs, a l’avantage de ne pas se déformer au fil du temps (voir notre guide complet sur les technologies d’amorti). Contrairement à Tinker Hatfield, qui décidera en 1987 de rendre visible le coussin d’air de sa Air Max, Bruce Kilgore choisira pour sa part de le dissimuler, un choix logique compte tenu de la sobriété du design de la Air Force 1 dont on dit qu’il serait inspiré de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Celui-ci se caractérisait à l’origine par une tige en cuir souple montée sur une épaisse semelle munie de perforations à l’avant, au dessus des orteils. Entièrement blanche, elle n’avait pour seul artifice que sa couleur grise sur le Swoosh, son strap – pour les coupes mid et high uniquement – et le liseré situé sur la partie inférieure de sa semelle. Pour garantir aux basketteurs une parfaite stabilité sur les parquets tout en optimisant la fluidité de leurs mouvements, il équipera cette dernière de points de pivot circulaires répartis sur toute sa surface extérieure, à l’avant et à l’arrière du pied.

Ce design et ces caractéristiques techniques tant appréciés d’abord par les basketteurs puis par les sneakers addicts n’ont que très peu évolué au fil des nombreuses déclinaisons commercialisées par la suite.

DES PARQUETS DE LA NBA AUX PLAYGROUNDS DE PHILADELPHIE

Avec un nom emprunté à celui d’un avion et surtout un concentré de technologies révolutionnaires pour l’époque, la Air Force 1 était prédisposée à atteindre des sommets.

Nike Air Force 1 - 1982

Pour s’assurer de sa réussite dès son lancement, Nike la placera aux pieds des six basketteurs les plus en vue du moment dans une compagne de communication rondement menée baptisée tout simplement « Force ». Composée de Michael Cooper, Jamaal Wilkes, Bobby Jones, Mychal Thompson, Calvin Natt et la star des Sixers de Philadelphie, Moses Malone, la fine équipe contribuera grandement au succès immédiat du nouveau vaisseau amiral de la marque au Swoosh.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, Nike décidera de la retirer du marché deux ans après sa première commercialisation, vraisemblablement dans le cadre d’une stratégie commerciale basée sur le renouvellement récurrent de ses produits. Il paraîtrait d’ailleurs que Bruce Kilgore avait déjà 3 ou 4 idées pour la remplacer au moment de sa conception.

La demande ne cessera pas pour autant. Au contraire ! En 1984, les fans de basketball sont nombreux à se ruer vers les playgrounds, ces terrains situés dans les quartiers populaires des grandes métropoles américaines, pour tenter d’y reproduire les exploits de leurs idoles. A Philadelphie, notamment, où le titre remporté par Moses Malone et ses coéquipiers à l’issue de la saison 1982-83 raisonne encore dans toutes les têtes, il est inconcevable de jouer au basketball avec une autre paire que la Air Force 1. Pour faire face au manque de nouveaux modèles, ceux-ci iront même jusqu’à personnaliser leurs vieilles paires, ce qui n’échappera à quelques revendeurs spécialisés de Baltimore.

Nike Air Force 1 - Baltimore/Philadelphia

Paul Blinken, responsable de Cinderella Shoes, et Harold Rudo, gérant quant à lui de Charley Rudo Sports, vont en effet pousser Nike à relancer la Air Force 1. Au terme d’une longue période de négociation achevée en 1986, la firme de l’Oregon cédera à leur requête, à condition toutefois qu’ils commandent un minimum de 1200 paires des coloris blanc/bleu et blanc/marron. Conscients du potentiel de la chaussure créée par Bruce Kilgore, ces derniers vont logiquement accepter le deal de Nike et se répartir le stock (950 unités pour Rudo et 250 pour Blinken).

Sans surprise, ils l’écouleront en un temps record. Rejoints par Greg Vaughn, à la tête de The Downtown Locker Room, avec lequel ils formeront un trio de distributeurs surnommé « The Three Amigos », Paul Blinken et Harold Rudo reviendront rapidement vers l’équipementier pour réclamer cette fois un réapprovisionnement mensuel d’un coloris inédit pendant les six mois suivants. Cette série accentuera la transition de la Air Force 1 des terrains de basketball vers la rue ; une rue qu’elle ne quittera plus et dont elle deviendra même une icône.

UNE ICÔNE DE LA MODE STREETWEAR ET DU HIP-HOP

Dans les mois qui suivront, la basket deviendra un incontournable de la mode streetwear que quelques sneakerheads personnaliseront de manière artisanale pour se démarquer. Dans les années 1990, les stars du hip-hop, mouvement musical lui aussi en plein boom, se l’arracheront. Séduits non pas par la qualité de son amorti mais par son style, des rappeurs tels que Jay-Z, Kanye West ou encore Damon Dash en deviendront littéralement fan. En 2002, Nelly ira jusqu’à lui dédier une chanson intitulée « Air Force Ones » et TI, interviewé par Thibaut de Longeville dans son documentaire consacré à la sneaker, affirmera qu’il ne porterait pour rien au monde un autre modèle.

Be serious, you wouldn’t last an hour in my shoe
It’s an Air Force One
Trainers by the truck load, trainers by the ton
Don’t be dazed when I catch you by your J’s
Chump, best to act like Forrest Gump, best to run

L’INFLUENCE DE LA CULTURE UNDERGROUND LONDONIENNE

Si l’histoire de la Air Force 1 est étroitement liée à celle des playgrounds de Philadelphie, des Three Amigos de Baltimore et de la culture streetwear américaine, il faut savoir qu’une page de cette histoire s’est également écrite de l’autre côté de l’Atlantique, au Royaume-Uni.

Nike Air Force 1 - London history

A Londres, plus précisément, la silhouette de Bruce Kilgore s’est imposée dans la rue à la fin des années 90 avec l’essor de la culture underground. Au rythme du grime et des différents courants musicaux urbains naissants, les londoniens adopteront massivement la Air Force 1, et plus particulièrement ses déclinaisons blanches et noires monochromes, qu’ils prirent l’habitude de lacer d’une manière bien à eux (en croix du bas vers le haut, ndlr). Puis, au début des années 2000, la capitale anglaise deviendra un repère pour les fans britanniques du modèle et de ses premières éditions limitées commercialisées chez JD Sports. Celles-ci auront une grande influence, à l’instar du coloris « Linen/Atmosphere » issu de la collection « Concept Japan » en 2001, non seulement au Royaume-Uni, mais aussi aux Etats-Unis où les imports exploseront.

Pour célébrer le développement de la Air Force 1 à Londres, Nike lui offrira sa première version signature en 2003 à travers deux déclinaisons inspirées du célèbre carnaval de Notting Hill. La même année, le rappeur Dizzee Rascal, natif du district de Bow et considéré comme l’instigateur du grime, lui dédiera son titre « Fix up, Look sharp ». Nike multipliera par la suite les collaborations avec des personnalités londoniennes influentes, qu’il s’agisse d’artistes ou de sportifs.

PLUS DE 30 ANS MAIS PAS UNE SEULE RIDE

Pas moins de 30 années se sont écoulées depuis sa première commercialisation mais la Air Force 1 n’a pas pris une seule ride. Toujours aussi prisée, la sneaker s’est écoulée à quelques 20 millions d’exemplaires dans le monde répartis à travers environ 2 000 versions différentes. Pour ses 25 ans, en 2007, Nike a réalisé une publicité mettant en scène plusieurs joueurs emblématiques de la NBA dont le récent retraité Kobe Bryant, le vainqueur du titre en 2016 avec les Cleveland Cavaliers, LeBron James, Rasheed Wallace, le joueur à l’avoir portée le plus longtemps, ainsi que notre Tony Parker national.

En 2012, afin de célébrer son 30e anniversaire comme il se doit, l’équipementier l’a fait évoluer en la dotant de sa technologie Lunarlon. Encore plus confortable et légère, la AF1, renommée pour l’occasion Lunar Force 1, fera immédiatement l’unanimité. A tel point qu’une version baptisée Lunar Force 1 Duckboot sera dévoilée peu de temps après. Equipée d’une tige imperméable et d’un col rembourré, ce modèle hivernal a été spécialement adapté par Nike pour offrir une meilleure protection contre la pluie et le froid. Il est disponible chez des boutiques de référence en coupe basse ou haute et dans plusieurs coloris très tendances.

Plus récemment, les équipes créatives de la firme de Beaverton se sont emparées de la tendance déstructurée initiée par Virgil Abloh pour donner naissance à la Air Force 1 Shadow, une itération exclusivement féminine qui n’en finit plus de séduire les amoureuses de baskets grâce à ses empiècements dédoublés et des coloris plus tendances les uns que les autres.